samedi 18 octobre 2008

La UCA et moi

La UCA...

Contrairement aux petits étudiants français qui se sont tournés les pouces jusqu'à début octobre, cela fait maintenant plus de 2 mois que je suis rentrée en cours (bon, je ne me plains pas, je finis les cours dans un gros mois, et je ne devrais pas être submergée par les examens).
Que dire, donc, de la UCA, ma fac ?
Vous vous souvenez peut-être que, lors de ma première visite, j'avais été un petit peu troublée par les nombreux signes ostensibles de l'appartenance religieuse de l'université. La UCA, pas de doute, c'est bien l'Université Catholique ! Sur ce plan là, ça s'est un peu arrangé : même si j'ai toujours un petit temps d'arrêt en apercevant une croix au coin du tableau, j'ai appris à ne plus les voir. Même les bonnes soeurs qui arpentent les couloirs ou étudient avec nous (j'en ai une dans mon cours de psycho qui est adorable) ne me surprennent plus.
Par contre, l'identité de la fac, elle, me pose un sérieux problème. Passe encore sur le fait que je me fasse réprimander parce que mes jupes sont trop courtes ("désolée mademoiselle, mais c'est en dessous du genou"... c'est sûr qu'en montrant 3 cm de genou je peux être considérée comme une dangereuse pécheresse) ; ça me met hors de moi, mais ça n'est pas si grave. Par contre, que l'on m'explique 5 fois en 2h que l'avortement est LE mal (alors que nous parlons d'Aristote, bien sûr) me gêne un peu plus, surtout qu'aucun espace n'est laissé au débat. J'ai à ce sujet appris que tous les profs de la UCA doivent signer un compromiso de fe, en gros un papier par lequel ils s'engagent à ne rien dire qui soit contraire à la ligne de l'université... soit à la ligne du Vatican.
Dans la même veine, plus ou moins drôle, il y a les panneaux d'affichage des couloirs. Entre la pub pour l'école de plongée ou d'escalade, et les conférences sur la crise financière, on trouve toujours quelques affiches à l'effigie de la UCA. Au mois d'août, c'était "comment préparer ton mariage". C'est sympa, effectivement il est temps d'y penser, je devrais prendre rendez-vous. J'ai aussi eu un demi arrêt cardiaque mercredi dernier, devant leur dernière perle : "Reconnaissance du fonctionnement cyclique de la femme. Introduction aux méthodes de planification familiale". Mesdemoiselles, (Mesdames ?), vous en avez de la chance, vous pouvez prendre rendez-vous tous les jours, de 10h à 18h, pour qu'on vous explique la bonne vieille méthode des températures ! Que du bonheur.
Cela dit, vu les cours que j'ai pris, je ne suis tout de même pas trop affectée par tout ça. C'est sûr que pour mêler Dieu et le marketing, il faut pas mal de convictions, et il n'y a finalement que dans mon cours de philosophie - économie - science politique que j'ai eu droit à des discours quelque peu tendancieux. Mais je suis quand même pas mal déçue par la UCA. Je l'avais choisie parce que c'était la plus grande des facs proposée par Sciences Po, et qu'il me semblait qu'il y aurait un peu plus de mixité sociale et de vie associative que dans les autres mini facs privées proposées. Sur la population de la UCA, ça va à peu près. Bien sûr, les élèves font plutôt partie de la classe supérieure de la société. Dans mon cours de marketing, par exemple, nous avons eu un travail pratique à réaliser : filmer un de ses proches pendant une journée. Entre la mère bourgeoise femme au foyer aficionada au shopping de luxe et le pote avec son appartement à Puerto Madero (quartier le plus cher de la ville) et son gimnasio quasi privé, il était assez clair que les étudiants n'ont pas trop de souci à se faire économiquement parlant, et ils sont tout aussi au fait des dernières performances de l'Iphone que toute la jeunesse dorée de la planète. Dans le cours que j'ai le soir, cependant, c'est déjà [un peu] mieux : les étudiants sont plus vieux, beaucoup travaillent et ne se la jouent pas du tout.
Dans tous les cas, je trouve que l'ambiance de la fac n'est pas au top. Je parlais de la vie associative ; une belle blague ! Il y a bien un centre culturel, mais qui propose des cours à prix d'or, et sinon, hum... il doit y avoir quelques organisations catholiques, j'avoue ne pas être très renseignée sur la question. Le campus, même s'il est bien placé, reste somme toute assez froid : de grands bâtiments, mais qui prévoient très peu d'espaces communs où il ferait bon discuter au soleil. L'ambiance, somme toute, n'est pas top ; cela tient peut-être aussi à l'organisation de l'université (en facultés, elles-mêmes divisées en carreras [cursus], divisées en comissions) : en gros les élèves font toute leur scolarité avec le même groupe d'une vingtaine de personnes. Ce qui favorise une ambiance lycée un peu fatiguante, surtout que les Argentins ont plutôt tendance à participer de façon désordonnée ET bruyante, et bien souvent ça se termine en gros brouhaha incompréhensible.
Donc, en somme, je ne me suis pas franchement fait d'amis à la UCA, si ce n'est parmi les internationaux. J'ai en effet deux cours (théâtre et cinéma) qui font partie du PEL, Programme d'Etudes Latinoaméricaines, cours spécialement conçus pour les internationaux sur des sujets plutôt intéressants (mais bonjour l'intégration !). Il y est plus facile de tisser quelques liens sociaux, même si, dans mon cours de ciné, je suis exaspérée par la trentaine d'Américaines peroxydées qui piaillent en anglais même pendant le film... Ah, le choc des cultures, vraiment une expérience !!
Vous l'aurez compris, donc, je ne suis pas hyper enthousiasmée par la UCA, même si mes cours restent relativement intéressants (n'ayant jamais fait de marketing ou de psycho, je n'ai pas vraiment d'idée préconçue sur la chose) et que le rythme de travail n'est vraiment pas trop pesant. J'envisage donc de prendre, le semestre prochain, quelques cours à la UBA, la grande université de Buenos Aires... Je passe tous les jours devant la fac de Sciences Sociales, et il y a toujours un grand attroupement d'extrémistes de gauche devant, des banderoles et de la musique : autre lieu, autre ambiance !


La UBA !

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