mercredi 19 novembre 2008

Le temps passe, passe...

... et pas mal de choses ont changé !
Eh oui, déjà quatre mois (et un jour) à Buenos Aires. Fini, le temps des incompréhensions, du manque de repères, de l'adaptation et du manteau d'hiver ; les robes d'été sont sorties du placard (entre 25° et 35° en moyenne ces dernières semaines) et moi, je mène ma vie d'expatriée française en Argentine, et me prépare à partir pour trois mois de vacances !
Les cours se terminent ; plus que... 5h et 3 examens. Spectacle de théâtre aujourd'hui : un éxito !
Et en effet, parmi les nombreux acquis de ce cuatrimestre à Buenos Aires, il y a celui du temps. Temps qui semble avoir une toute autre valeur ici ; quand votre bus peut mettre 20 minutes ou une heure pour vous emmener là où vous voulez aller, forcément, il faut s'adapter. Temps flexible et mouvant, dans ce pays où le retard est la règle. Personne ne s'est offensé que, semaine après semaine, j'arrive en retard en cours (parfois le prof était même plus en retard que moi). Deux heures en moyenne : voilà le retard avec lequel vos invités arriveront à une soirée.
Dans cette ville où l'on se couche au petit matin, où il y a autant de gens dans les rues à 1h du mat' qu'à 9h à Paris, où les gens arrivent au boulot vers 9h30 pour en repartir à 18h (cadres sup' compris), on a le luxe du temps. Vivre chaque instant, apprendre à ne rien faire, à ne pas se sentir en échec parce que notre agenda n'est pas submergé. Bronzer en terrasse, se balader, faire du théâtre, monter à cheval, regarder des films... Certes, tout cela fait partie de l'expérience d'étudiant en échange. Mais les minutes en Argentine ont une saveur unique...
Et oui, je sais, j'ai de la chance !!

lundi 17 novembre 2008

Roomie

Je me suis rendu compte que mon blog manquait peut-être un peu de vie, de gens, de chaleur humaine... Dans un souci louable de corriger le tir, voilà donc le portrait de Vivian, ma colocataire (compañera de departamento) depuis plus de trois mois.



J'ai rencontré Vivian tout à fait par hasard. C'était au début, je visitais appart sur appart sans avoir le coup de coeur, et je commençais à avoir établi quelques critères (vrai salon, cuisine avec four, sdb avec baignoire, de préférence lit double, et quartier sympa, non non je ne suis pas du tout exigente....). Quand je suis entrée dans mon futur appart, j'ai tout de suite senti la différence : il est beau, fonctionnel, agréable. Entre le proprio, son pote, l'intermédiaire et moi, il y avait Vivian, qui vivait là depuis déjà 3 mois. J'ai demandé à avoir un peu de temps, à parler un peu plus avec elle, on m'a dit : pas le temps. Vivian souriait, avait l'air sympa, compréhensive, facile à vivre, alors j'ai pris l'appart.
Vivian a 25 ans et est portoricaine. Elle est venue à Buenos Aires pour étudier le cinéma (parce qu'à Porto Rico ça a pas l'air trop facile à ce niveau là) ; au début, elle voulait travailler dans le côté technique, maintenant elle s'oriente plus vers la mise en scène. Vivian est danseuse de flamenco, aussi. Je ne l'ai jamais vue danser (c'est pour début décembre), mais parfois, quand je rentre, ça répète dur derrière le rideau qui sépare sa chambre du salon.
Vivian aime la culture. Avec elle, j'ai été au festival de tango, dans une milonga, à un concert d'un orchestre loufoque ou au salon de la musique. J'ai été bronzer sur la place à côté de chez nous, déjeuner, dîner de sushis. Vivian cuisine bien, une cuisine aux influences asiatiques : sa meilleure amie, Nati, qui est venue nous voir, est chef.
Vivian est une personne solaire. Quand elle rit (c'est souvent), elle rit fort. Elle parle fort, aussi. Elle n'est pas autoritaire, non, elle est seulement enjouée, dynamique. Quand elle est sur Skype avec son copain (à Porto Rico), les "mi amorrrrr" et autres résonnent dans l'appart. Elle aime, elle adore danser. Elle aime faire la fête, mais sans excès, juste parce que ça la rend heureuse.
Bon, Vivian n'est pas exempte de défauts non plus. Elle se sèche les cheveux à peu près 3 fois par jour, une demi-heure à chaque fois. Elle passe beaucoup de temps dans la salle de bains (mais bon, je peux parler). Elle m'a dit l'autre jour qu'en tant que fille unique, elle ne savait pas partager. Effectivement, des quatre étages du frigo, je dois lutter pour en avoir un deuxième. Conflits silencieux dans la cuisine...
Mais bon, pour ma première colocataire, je n'ai pas à me plaindre. Elle est plutôt plus ordonnée que moi (comment ça c'est pas difficile), et sans elle, l'appart serait probablement un peu plus crade. Et puis, une colocataire qui débouche une bouteille de vin rouge avec vous le soir de votre anniversaire et vous offre un masseur de tête, moi, je la garde.
Et c'est bien là le problème : Vivian s'en va. Dans une quinzaine de jours. Elle rentre à Porto Rico (en voyageant un peu au passage). Je dois donc me trouver une nouvelle coloc. Une américaine passe ce soir à la maison : affaire à suivre...


samedi 15 novembre 2008

Tolérance

Quand on me demandait, avant de partir, si je n'appréhendais pas un peu de me retrouver dans une fac catholique, moi, l'athée presque militante, je disais en riant que j'en profiterais pour apprendre un peu de tolérance. Je n'avais pas idée...
Le semestre touche à sa fin et, de même que Sciences Po a ses dîners de conférence, les élèves de la UCA aussi ont leurs petites traditions. J'ai donc été invitée à dîner avec ceux de mon cours de psicologia de la personalidad hier soir. C'est la bonne soeur du cours, Hermana Monica, qui s'est chargée de me prévenir.
Et c'est ainsi que je me suis retrouvée dans un tenedor libre (restaurant avec buffet à volonté) de Barrio Norte. Je me suis fait applaudir quand je suis arrivée (les Argentins aiment bien applaudir). Sagement, je me suis assise du côté des filles, les garçons étant de l'autre côté de la table (on ne mélange pas les torchons avec les serviettes, encore moins ici). Un peu étonnée, j'ai écouté le Benedicite récité par Hermana Monica, et tous les élèves présents à la table se signer. Au cours du repas, j'ai souri en entendant les filles se poser mille et une questions sur les hommes (forcément, elles n'ont pas d'amis du sexe opposé, donc ça complique les choses). J'ai même écouté Hermana Monica, encore elle, me raconter que sa mère (la mère supérieure de son couvent quoi) était allée en Europe, et je lui ai parlé d'Assise, où elle rêve d'aller (elle est franciscaine).
Cela dit, quand les gens ont commencé à partir, je ne me suis pas attardée. J'apprends la tolérance, j'apprends à (moins) juger sur les apparences, j'ai apprécie de passer un peu de temps avec eux, mais... a-t-on vraiment tant en commun, eux et moi ?

dimanche 9 novembre 2008

Des danses folkloriques à l'électro, ma semaine d'anniversaire à Buenos Aires


Une bien belle semaine ! Sur le plan météorologique tout d'abord : soleil fidèle au rendez-vous, ciel bleu, mercure qui a plus d'une fois atteint les 35°... autant dire que pour moi, la parisienne de service, c'est l'été !!
Et j'en ai donc pas mal profité. Dimanche dernier, lasses de passer nos week-ends à dormir après des soirées un peu trop prolongées, Anna et moi avons décidé de nous rendre à la Feria de los Mataderos, une fête traditionnelle qui a lieu dans le quartier de Mataderos, très au sud de Buenos Aires. Coup de chance, il y a un bondi, le 141, direct depuis chez moi, donc après une heure de trajet, nous avons débarqué dans une grande rue ensablée pour laisser place à des spectacles de chevaux ! Habillées en gauchos, les cavaliers passaient au grand galop sous une espèce d'arche et devaient réussir à faire on n'a pas trop compris quoi (mettre un truc dans un autre truc, plus ou moins). C'était plutôt impressionant à voir, et l'ambiance était très familiale. Plus loin, nous sommes entrés dans le marché, regorgeant de produits artisanaux : matés, articles de cuir, textiles, dulce de leche, huile d'olive et autres herbes magiques contre tout type de maux. Plus ou moins au milieu, il y avait aussi une scène sur laquelle se sont succédés quelques chanteurs du coin, des ateliers de danses folkloriques (très atendrissant de voir des "petits vieux" dansant avec plaisir l'un en face de l'autre), et d'autres spectacles pour les enfants... Bref, une très bonne ambiance ! Après avoir dégusté quelques empanadas et un verre de rouge (vive l'Argentine !), et fait quelques tours de marché, je me suis finalement offert un SUPERBE poncho, parce qu'après tout, c'était mon anniversaire deux jours après. L'après-midi s'est finie en danses folkolriques (on regardait, hein), très différentes du tango : jeunes ou vieux, chacun jouait de son foulard, virevoltait, souriait... un petit coin de tradition pas si loin du coeur de Buenos Aires !








Le lundi a été plus banal, entre cours et shopping (je me suis offert un deuxième cadeau, un couvre lit. Oui, je sais, ça paraît pas indispensable, mais essayez de vivre pendant trois mois dans une chambre où les rideaux sont rouges orange et la couverture d'un rose saumon déprimant, eh ben c'est pas facile tous les jours, et un beau couvre-lit, ça vous change la vie ! C'était la minute décoration du jour). Et puis, à minuit, c'était mon anniversaire : Anna et Malick ont été les premiers à m'appeler pour me le souhaiter, tandis que nous débouchions une bouteille de vin avec Vivian, ma coloc...
C'est relativement étrange de passer son anniversaire loin de chez soi, sans personne que l'on connaît depuis plus de 3 mois (ou presque) ; même si ça paraît anodin, oui, c'est bizarre de le fêter en débardeur quand d'habitude on est en gros pull, de s'entendre dire "felicidades" et non pas "bon anniversaire", etc. Mais finalement, ça a vraiment été un bon anniversaire, les Argentins étant très contents d'apprendre que c'est votre anniversaire, vous félicitant chaleureusement et vous faisant la bise en vous frottant le dos. Même si j'avais beaucoup cours ce jour là, j'ai aussi pu profiter de quelques moments en terrasse, à la UCA (qui est bizarrement beaucoup plus agréable depuis qu'il fait beau), et à l'ombre tellement il faisait chaud !!
Le soir, j'ai fêté tout ça avec mes amis proches (Anna, Malick, Chloé, Julia sa coloc, Juliette, Regina sa coloc dont l'anniversaire était le 5 et un ami de Julia) dans un bar. Nous voulions aller à l'Alamo, un bar sympa, pas cher, mais fréquenté par beaucoup d'Américains... Or pour la plupart des gens, le 4 novembre, c'était surtout le jour des élections américaines !!! Et même si j'étais moi aussi sensible à l'évènement, je ne mourais pas d'envie de fêter mon anniversaire avec une foule de yankees surexcités. Nous avons donc été au Shamrock, un autre bar du coin... Portés par l'ambiance, nous nous sommes un peu attardés, et je suis rentrée pour apprendre qu'Obama avait été élu (youpi) et dormir 3h avant d'aller passer mon partiel du lendemain. C'est mon anniversaire, bon anniversaire !
Le mercredi a donc été plus calme, puisqu'après avoir répété au théâtre (notre représentation est dans 10 jours) et partagé l'effervescence de mes petits camarades au sujet de l'élection de mon ami Barack, je suis rentrée dormir. Le soir, Vivian et moi sommes allées manger quelques sushis (ah, les sushis à Buenos Aires... au royaume de la viande, il reste encore une petite place pour de délicieux rolls, inventifs et bien sûr, relativement économiques). Jeudi quasi oisif, et vendredi plus actif, puisque c'était le jour de ma fête d'anniversaire ! L'occasion de souffler mes bougies, de faire un gâteau (les quelques latinos présents ont adoré le bon vieux gâteau au chocolat français), de me faire offrir toutes sortes de mets en rapport avec le dulce de leche (comment ça, je suis addict), et de festoyer. C'était ma première fête à l'appartement et ça c'est plutôt bien passé - même s'il est petit, il reste assez facile à vivre (photos à venir) !
Mais il fallait encore garder quelques forces pour la dernière étape de la semaine : CREAMFIELDS. Le plus grand festival de musique électro d'Amérique Latine (50 000 personnes) avait lieu hier, et nous y étions ! Le 141 nous a conduit à l'Autodrome de Buenos Aires, énorme terrain où avaient été installées 5 scènes, toutes de taille très respectable. L'occasion de vérifier que Buenos Aires est bien une des capitales mondiales de l'électro, avec moult DJs locaux et internationaux. L'occasion aussi de danser sous les étoiles pendant exactement 11h d'affilée sans (presque) nous arrêter. Rentrée au petit matin, j'ai des courbatures partout, ai récupéré avec un peu de glace au dulce de leche et vais voir le nouveau James Bond ce soir !

dimanche 2 novembre 2008

Se déplacer à Buenos Aires

Tout au long des quelques articles qui composent désormais ce blog, vous avez peut-être noté une constante : pour bouger dans Buenos Aires, c'est compliqué. Ca fait longtemps que je veux détailler un peu tout ça, alors parlons-en.
Il faut déjà avoir conscience que Buenos Aires, c'est grand. Vraiment grand. Mon ami Wikipédia m'apprend qu'elle se trouve sur un terrain de 19,4 km du nord au sud et de 17,9 km d'est en ouest. Ca ne me dit pas grand chose, mais bon, croyez moi, ça fait grand. Juste pour avoir une petite idée, voici une carte de la ville et de ses barrios (quartier). Moi, j'habite à Palermo et ma fac est à Puerto Madero, le long du canal, et je mets une petite heure pour y aller.

Conduire à Buenos Aires me paraît assez proche de l'enfer. Je ne sais pas trop dans quelles conditions les Argentins obtiennent leur permis de conduire, mais je crois que ça se rapproche de la pochette surprise... Qui veut conduire à Buenos Aires devra donc s'armer d'une bonne dose de sang-froid et d'un volontarisme certain pour manoeuvrer entre les bus, taxis et autres voitures. Mon premier aperçu a été le trajet depuis l'aéroport, en juillet, et je n'ai pas été déçue : sur une route surchargée, tout le monde roulait à fond, quite à piler toutes les deux secondes. Et dans la ville, à un feu rouge, mon chauffeur n'a pas hésité à doubler toutes les voitures en passant par la voie en sens inverse. C'est finalement assez significatif de la conduite des Argentins.
De toute façon, ayant négligé d'aller jusqu'au bout de l'apprentissage de la conduite, je ne conduirai jamais à Buenos Aires, et c'est tant mieux. De même, il est très très peu probable quo'n me voie un jour sur un vélo ici : il y en a bien quelques uns, que je qualifierai de "suicidaires", mais très peu pour moi. Le Vélib ? Je crois que ça ferait doucement rigoler les Argentins...
Il me reste donc le choix entre le métro, le bus et, éventuellement, le taxi.
Le métro est à l'image du quilombo (bordel : c'est un mot qu'on utilise beaucoup ici, allez savoir pourquoi) ambiant. En service depuis 1913 (tout de même !), le subte se compose de 5 lignes désignées par des lettres et reconnaissables par des couleurs (A,B,C,D,E, bleu clair, rouge, bleu, vert, violet). Pour l'instant, c'est logique... mais ce qui l'est moins, c'est son organisation : 5 lignes en étoile autour d'un unique point de croisement, dans le centre de la ville. En bref, si vous voulez aller quelque part, faites en sorte que ce soit sur votre ligne, sinon, c'est foutu. Par ailleurs, le subte n'est pas exactement agréable à vivre, étant donné qu'il est bondé quasiment de l'ouverture à la fermeture (22H). Bizarre, mais c'est comme ça : la plupart du temps il est plein, et à la hora pico (heure de pointe), vous y rentrez à peine. Et donc, il y fait chaud... très chaud... parfait pour une petite douche le matin avant d'aller bosser ! Cela dit, ça rapproche des gens. Certes, les Argentins ne sont pas nécessairement très au fait des dernières inventions en matière de civilité dans le métro : laisser descendre avant de monter, connaît pas (mais que dire des Français ??). Mais au moins, ils sont gentils : avant de vous contraindre à aller vous coller contre votre voisin pour pouvoir descendre, ils vérifient d'un "bajas ?" que vous ne descendez pas. Et parfois, on discute, comme cette dame qui voulait savoir d'où je venais, il y a quelques mois...
N'empêche, j'adore pas le métro, même s'il est plutôt joli : mosaïques dans certaines stations, et il y a même une ligne encore en bois (jamais prise, j'irai peut être tester un jour !). Non, moi, mon truc, c'est le bus.
La première fois que j'ai pris le bondi, ben, c'était pas facile !! Il y a des centaines et des centaines de lignes de bus, gérées par des compagnies indépendantes. Où que vous soyez, il y a toujours un bus pour vous emmener là où vous voulez (plus ou moins). Mais la première épreuve consiste à le trouver !
Pour ça, j'ai un ami imparable : la Guia T.



Cette bible portative consiste en une trentaine de plans de la ville, divisés en petits carrés. La page de gauche vous indique quels bus passent dans chaque petit carré. A vous de faire le lien entre le petit carré d'où vous venez et celui où vous voulez aller (très drôle comme jeu). Après, il ne vous reste plus qu'à trouver le bus dans le petit carré. Sachant que le petit carré en question comporte une dizaine de rues au minimum, c'est là que ça devient drôle.. Heureusement, la Guia T comporte aussi un descriptif des itinéraires des bus, donc on s'habitue à refaire avec son doigt le trajet du bus histoire de savoir où se trouve l'arrêt le plus proche.
Une fois le bus trouvé, il faut l'attendre. Ca peut prendre du temps, surtout quand on est pressé ou qu'on est lundi matin. J'entretiens à ce sujet une relation assez conflictuelle avec le 111, le bus qui passe à 3 cuadras de chez moi et aussi juste devant la fac. Après l'avoir attendu entre 5 et 30 minutes tous les matins, je me suis décidée à le quitter pour le 152, qui me fait marcher un peu plus mais est plus régulier. Je reste fidèle au 111 pour le retour ; là, au moins, je suis toute à lui !

Chau 111 !

Toujours est-il que, le bus arrivé, il reste à monter dedans. En peuple civilisé, les Argentins font sagement la queue à l'arrêt et montent (escaladent la marche) en file indienne. Et ça prend du temps, car chacun doit payer ! En effet, les bus fonctionnent avec des pièces, ce qui rend chaque journée en parcours du combattant puisque NO HAY MONEDAS (il n'y a pas de monnaie : placardé par à peu près tous les commerçants de la ville sur leurs vitrines). Pour obtenir mes deux pesos quotidiens, je dois ruser en calculant à chaque fois le billet que je dois donner pour obtenir le maximum de pièces, sans que la vendeuse refuse tout simplement de me vendre le produit car elle ne veut pas me rendre de pièces !! Je suis devenue assez douée, donc je monte fièrement dans le bus, annonce au chauffeur "un peso, por favor", mets ma pièce dans la machine, obtiens mon ticket et... Eh bien, si j'ai de la chance, j'ai une place. Si je n'en ai pas (le matin), je m'accroche comme je peux quelque part et... j'attends que ça passe... les bus aussi sont conduits par des Argentins, d'où freinages brutaux et courses poursuites avec les autres bus sur les grandes avenues. A chaque arrêt, le bus ralentit à peine, ouvre la porte, s'arrête une seconde le temps que les passagers sautent du bus. Il y a bien marqué dans certains engins "la porte ne s'ouvrira pas quand le bus circule à moins de 5 km/h", mais je crois que c'est encore une belle démonstration d'humour argentin !!!
Malgré toutes ces péripéties, on finit par s'attacher aux bus argentins, ces grosses carcasses de ferraille qui polluent plus qu'il n'est imaginable. Surtout qu'ils sont souvent décorés par les soins du chauffeur : croix, images, gri gris, rideaux, on se sent chez soi !! Et puis les bus ont l'avantage de fonctionner toute la nuit, ce qui est bien pratique et permet de partager de grands moments de convivialité avec des Argentins rentrant de soirée(ou sortant).


Quant aux innombrables taxis qui parcourent la ville, ils ne sont pas moins conviviaux. Très faciles à trouver, ils sont relativement peu onéreux aux standards européens (de l'ordre de 2 à 5 euros), même si cela a une toute autre valeur ici. Et puis, les chauffeurs sont souvent des personnages haut en couleurs. J'ai eu le droit au désabusé qui m'a expliqué que la jeunesse était complètement décadente, que les jeunes sortaient trop tard et que les garçons ramenaient sans problème les filles chez eux tandis que lui, quand il était jeune, il devait attendre plusieurs mois pour toucher le sein de sa novia, copine/fiancée (véridique). Un soir, nous nous sommes retrouvés dans un taxi d'humeur festive, avec musique latino à fond et le chauffeur presque en train de danser avec nous. Mais mon préféré restera sans doute Norberto : ce chauffeur concentré, assez muet, qui nous a fait traverser la ville à la vitesse de l'éclair, réussissant à avoir un seul feu rouge sur une immense avenue (vitesse moyenne : 90km/h, mais conduite parfaite). Tel Speedy Gonzalez, il nous a tendu sa carte à l'arrivée : "El Rapido". Un grand moment.