dimanche 2 novembre 2008

Se déplacer à Buenos Aires

Tout au long des quelques articles qui composent désormais ce blog, vous avez peut-être noté une constante : pour bouger dans Buenos Aires, c'est compliqué. Ca fait longtemps que je veux détailler un peu tout ça, alors parlons-en.
Il faut déjà avoir conscience que Buenos Aires, c'est grand. Vraiment grand. Mon ami Wikipédia m'apprend qu'elle se trouve sur un terrain de 19,4 km du nord au sud et de 17,9 km d'est en ouest. Ca ne me dit pas grand chose, mais bon, croyez moi, ça fait grand. Juste pour avoir une petite idée, voici une carte de la ville et de ses barrios (quartier). Moi, j'habite à Palermo et ma fac est à Puerto Madero, le long du canal, et je mets une petite heure pour y aller.

Conduire à Buenos Aires me paraît assez proche de l'enfer. Je ne sais pas trop dans quelles conditions les Argentins obtiennent leur permis de conduire, mais je crois que ça se rapproche de la pochette surprise... Qui veut conduire à Buenos Aires devra donc s'armer d'une bonne dose de sang-froid et d'un volontarisme certain pour manoeuvrer entre les bus, taxis et autres voitures. Mon premier aperçu a été le trajet depuis l'aéroport, en juillet, et je n'ai pas été déçue : sur une route surchargée, tout le monde roulait à fond, quite à piler toutes les deux secondes. Et dans la ville, à un feu rouge, mon chauffeur n'a pas hésité à doubler toutes les voitures en passant par la voie en sens inverse. C'est finalement assez significatif de la conduite des Argentins.
De toute façon, ayant négligé d'aller jusqu'au bout de l'apprentissage de la conduite, je ne conduirai jamais à Buenos Aires, et c'est tant mieux. De même, il est très très peu probable quo'n me voie un jour sur un vélo ici : il y en a bien quelques uns, que je qualifierai de "suicidaires", mais très peu pour moi. Le Vélib ? Je crois que ça ferait doucement rigoler les Argentins...
Il me reste donc le choix entre le métro, le bus et, éventuellement, le taxi.
Le métro est à l'image du quilombo (bordel : c'est un mot qu'on utilise beaucoup ici, allez savoir pourquoi) ambiant. En service depuis 1913 (tout de même !), le subte se compose de 5 lignes désignées par des lettres et reconnaissables par des couleurs (A,B,C,D,E, bleu clair, rouge, bleu, vert, violet). Pour l'instant, c'est logique... mais ce qui l'est moins, c'est son organisation : 5 lignes en étoile autour d'un unique point de croisement, dans le centre de la ville. En bref, si vous voulez aller quelque part, faites en sorte que ce soit sur votre ligne, sinon, c'est foutu. Par ailleurs, le subte n'est pas exactement agréable à vivre, étant donné qu'il est bondé quasiment de l'ouverture à la fermeture (22H). Bizarre, mais c'est comme ça : la plupart du temps il est plein, et à la hora pico (heure de pointe), vous y rentrez à peine. Et donc, il y fait chaud... très chaud... parfait pour une petite douche le matin avant d'aller bosser ! Cela dit, ça rapproche des gens. Certes, les Argentins ne sont pas nécessairement très au fait des dernières inventions en matière de civilité dans le métro : laisser descendre avant de monter, connaît pas (mais que dire des Français ??). Mais au moins, ils sont gentils : avant de vous contraindre à aller vous coller contre votre voisin pour pouvoir descendre, ils vérifient d'un "bajas ?" que vous ne descendez pas. Et parfois, on discute, comme cette dame qui voulait savoir d'où je venais, il y a quelques mois...
N'empêche, j'adore pas le métro, même s'il est plutôt joli : mosaïques dans certaines stations, et il y a même une ligne encore en bois (jamais prise, j'irai peut être tester un jour !). Non, moi, mon truc, c'est le bus.
La première fois que j'ai pris le bondi, ben, c'était pas facile !! Il y a des centaines et des centaines de lignes de bus, gérées par des compagnies indépendantes. Où que vous soyez, il y a toujours un bus pour vous emmener là où vous voulez (plus ou moins). Mais la première épreuve consiste à le trouver !
Pour ça, j'ai un ami imparable : la Guia T.



Cette bible portative consiste en une trentaine de plans de la ville, divisés en petits carrés. La page de gauche vous indique quels bus passent dans chaque petit carré. A vous de faire le lien entre le petit carré d'où vous venez et celui où vous voulez aller (très drôle comme jeu). Après, il ne vous reste plus qu'à trouver le bus dans le petit carré. Sachant que le petit carré en question comporte une dizaine de rues au minimum, c'est là que ça devient drôle.. Heureusement, la Guia T comporte aussi un descriptif des itinéraires des bus, donc on s'habitue à refaire avec son doigt le trajet du bus histoire de savoir où se trouve l'arrêt le plus proche.
Une fois le bus trouvé, il faut l'attendre. Ca peut prendre du temps, surtout quand on est pressé ou qu'on est lundi matin. J'entretiens à ce sujet une relation assez conflictuelle avec le 111, le bus qui passe à 3 cuadras de chez moi et aussi juste devant la fac. Après l'avoir attendu entre 5 et 30 minutes tous les matins, je me suis décidée à le quitter pour le 152, qui me fait marcher un peu plus mais est plus régulier. Je reste fidèle au 111 pour le retour ; là, au moins, je suis toute à lui !

Chau 111 !

Toujours est-il que, le bus arrivé, il reste à monter dedans. En peuple civilisé, les Argentins font sagement la queue à l'arrêt et montent (escaladent la marche) en file indienne. Et ça prend du temps, car chacun doit payer ! En effet, les bus fonctionnent avec des pièces, ce qui rend chaque journée en parcours du combattant puisque NO HAY MONEDAS (il n'y a pas de monnaie : placardé par à peu près tous les commerçants de la ville sur leurs vitrines). Pour obtenir mes deux pesos quotidiens, je dois ruser en calculant à chaque fois le billet que je dois donner pour obtenir le maximum de pièces, sans que la vendeuse refuse tout simplement de me vendre le produit car elle ne veut pas me rendre de pièces !! Je suis devenue assez douée, donc je monte fièrement dans le bus, annonce au chauffeur "un peso, por favor", mets ma pièce dans la machine, obtiens mon ticket et... Eh bien, si j'ai de la chance, j'ai une place. Si je n'en ai pas (le matin), je m'accroche comme je peux quelque part et... j'attends que ça passe... les bus aussi sont conduits par des Argentins, d'où freinages brutaux et courses poursuites avec les autres bus sur les grandes avenues. A chaque arrêt, le bus ralentit à peine, ouvre la porte, s'arrête une seconde le temps que les passagers sautent du bus. Il y a bien marqué dans certains engins "la porte ne s'ouvrira pas quand le bus circule à moins de 5 km/h", mais je crois que c'est encore une belle démonstration d'humour argentin !!!
Malgré toutes ces péripéties, on finit par s'attacher aux bus argentins, ces grosses carcasses de ferraille qui polluent plus qu'il n'est imaginable. Surtout qu'ils sont souvent décorés par les soins du chauffeur : croix, images, gri gris, rideaux, on se sent chez soi !! Et puis les bus ont l'avantage de fonctionner toute la nuit, ce qui est bien pratique et permet de partager de grands moments de convivialité avec des Argentins rentrant de soirée(ou sortant).


Quant aux innombrables taxis qui parcourent la ville, ils ne sont pas moins conviviaux. Très faciles à trouver, ils sont relativement peu onéreux aux standards européens (de l'ordre de 2 à 5 euros), même si cela a une toute autre valeur ici. Et puis, les chauffeurs sont souvent des personnages haut en couleurs. J'ai eu le droit au désabusé qui m'a expliqué que la jeunesse était complètement décadente, que les jeunes sortaient trop tard et que les garçons ramenaient sans problème les filles chez eux tandis que lui, quand il était jeune, il devait attendre plusieurs mois pour toucher le sein de sa novia, copine/fiancée (véridique). Un soir, nous nous sommes retrouvés dans un taxi d'humeur festive, avec musique latino à fond et le chauffeur presque en train de danser avec nous. Mais mon préféré restera sans doute Norberto : ce chauffeur concentré, assez muet, qui nous a fait traverser la ville à la vitesse de l'éclair, réussissant à avoir un seul feu rouge sur une immense avenue (vitesse moyenne : 90km/h, mais conduite parfaite). Tel Speedy Gonzalez, il nous a tendu sa carte à l'arrivée : "El Rapido". Un grand moment.



1 commentaire:

Christine-Marie a dit…

JAAAAAAAAAAAAA buenísimo lo de "El Rápido"!!!
Besos